Nicolas Sarkozy annonçait dès 2007, alors qu’il était candidat à l’élection présidentielle, la nécessité de créer un cinquième risque ou plutôt une cinquième branche de la protection sociale à propos de la dépendance : « Je veux que la France soit un modèle dans la prise en charge des personnes âgées et dépendantes. Le rôle de la solidarité c’est la prise en charge matérielle des personnes dépendantes. »
Il confirmait ses intentions une fois élu et encore plus récemment, au début de cette année 2011.
Les départements se trouvant désormais en première ligne face au désengagement de l’Etat en matière de dépendance. La mise en place d’un dispositif de sécurité sociale pour prendre en compte la dépendance, s’impose. Le vieillissement de la population est une réalité même si nous disposons simultanément d’une des démographies les plus dynamiques d’Europe. Le progrès de l’espérance de vie reste un objectif majeur de notre système sanitaire et social. La volonté de réduire les disparités d’espérance de vie, selon les catégories socio-professionnelles ou les sexes reste un chantier.
Encore aujourd’hui, la différence d’espérance de vie entre un cadre et un ouvrier demeure supérieure à 7 ans, au détriment de l’ouvrier. Nous savons également que les personnes âgées de plus de 85 ans seront de plus en plus nombreuses d’ici au milieu du siècle.
Depuis 1945, et la mise en place de la sécurité sociale, le patronat et la droite usent toujours des mêmes recettes et des mêmes recommandations :
- tenter de réduire au maximum le rôle de la sécurité sociale, la protection solidaire étant considérée a priori comme un obstacle à la « concurrence » ;
- envisager une protection publique à minima pour celles et ceux qui n’ont pas de revenus, pas de patrimoine et ne sont pas solvables ;
- permettre aux compagnies d’assurances privées au nom de la concurrence d’affirmer leur main mise et ensuite leur monopole de fait sur un marché considéré comme porteur ;
- affaiblir les protections publiques mises en oeuvre au fil du temps (exemple : l’APA) pour justifier une privatisation rampante ou frontale ;
- interdire toute subvention publique aux associations qui dans le tiers secteur agissent avec des buts non lucratifs ;
- réduire toujours et encore les moyens de l’hôpital public.
Le MEDEF oppose son refus catégorique à la création d’un cinquième risque dépendance, susceptible de gêner une mise en coupe réglée par les assurances privées. Il se contente de suggérer un prélèvement obligatoire sur les ménages, de plus de 40 ans, pour financer un système privé de prise en charge de la dépendance, à l’instar de ce que nous connaissons déjà en matière d’assurance automobile ou d’assurance habitation.
L’UMP Denis Jacquat conforte cette piste qui offrirait naturellement un double avantage pour la droite :
- ouvrir une voie royale aux assurances privées dans un domaine porteur et lucratif ;
- gonfler le volume des dépenses contraintes sans pour autant recourir à une hausse estampillée des prélèvements obligatoires au sens public du terme.
Au bout du compte, une prise en charge de la dépendance à plusieurs niveaux à travers une sélection par l’argent, pour l’argent. Le marché de la dépendance est déjà le deuxième au monde. Avec le concours de la majorité UMP actuelle, il pourrait devenir le premier devant les USA.
Notre projet prend le contre-pied d’une telle perspective, à la fois injuste, juteuse, et permettant d’instaurer de véritables monopoles privés sur la base de participations croisées.
Nous faisons le choix en matière de dépendance d’un système solidaire sous l’égide de la sécurité sociale et sur la base d’une APA renforcée et financée correctement, ce qui n’est plus le cas depuis 2002.
Nous assumons une logique de solidarité intergénérationnelle. La prise en charge collective de la dépendance n’est pas un marché banal. Derrière les chiffres et les structures, il y a des hommes et des femmes, leur dignité, leur expérience, leur aspiration à la justice sociale.
Nous réaffirmons vis à vis des plus fragiles et en l’occurrence des plus âgés, le droit à une vie décente, le droit à un « vivre ensemble ».
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